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jeudi, novembre 09, 2006

Mois du film algérien à Nîmes (France)
La douce renaissance du cinéma algérien


Il faudra au moins 5 ans avant que le cinéma algérien redevienne ce qu’il a été. » Jacques Choukroun, distributeur(1) et maître de conférences en cinéma à Montpellier, est, avec l’association France-El Djazaïr, un des initiateurs du Mois du film algérien qui se tient à Nîmes jusqu’au 14 novembre. L’occasion de faire le point sur la difficile renaissance du cinéma dans le pays.


Un accord de coproduction entre la France et l’Algérie, dont la signature est prévue pour la fin de l’année, devrait donner un coup de pouce aux nouveaux films en leur permettant de bénéficier d’aides financières (avances sur recettes). « Le cinéma algérien continue à produire des films, Douar de femmes de Mohamed Chouikh, Barakat ! de Djamila Sahraoui… même s’il est fragile, note le spécialiste, mais il faudrait mettre les moyens sur la diffusion quasi inexistante. On compte aujourd’hui moins de vingt salles dans tout le pays contre 350 dans les années 1980… » De quoi parle ce cinéma des années 2000 ? « De la décennie noire, forcément, explique Mouloud Mimoun, critique de cinéma, puisque pendant 10 ans, le cinéma algérien a connu une véritable traversée du désert… Il ne peut pas s’offrir le luxe de laisser trop de place à l’imaginaire, il a besoin de témoigner de ce qu’ont vécu les Algériens. » Parmi les quatre films projetés à Nîmes, El Manara de Belkacem Hadjadj, sélectionné à la biennale des cinémas arabes à Paris cette année, évoque ainsi une histoire d’amitié emportée dans la spirale d’une crise destructrice. « Notre programmation survole 40 ans de l’histoire de l’Algérie, souligne Bernard Deschamps, président de l’association France-El Djazaïr. L’objectif étant de donner une image réaliste du pays, infiniment plus complexe que celle qu’en donnent les médias en France. » Après Le Vent des Aurès, prix de la première œuvre à Cannes en 1967, abordant la guerre d’indépendance, sont aussi présentés Le Charbonnier de Mohamed Bouamari, sur les années d’industrialisation et la réforme agraire, et Youcef de Mohamed Chouikh, sur les désillusions d’un ancien combattant et « l’histoire de la prise du pouvoir par la nouvelle classe sociale qui dirige aujourd’hui l’Algérie », précise Jacques Choukroun. Pour Thierry Lounas, critique programmateur du festival « Djazaïr en images » en 2002, reste à savoir si le cinéma d’immigration qui s’est constitué pendant les années de terrorisme, avec notamment, Nadir Moknech (Viva l’Aldjérie) ou Merzak Allouache (Omar Gatlato), laisse aujourd’hui la place à un nouveau courant. « Ce serait assez classique pour un pays qui s’est libéré et qui a connu des crises, à l’instar du cinéma vietnamien », analyse-t-il. « Un nouveau cinéma algérien ? C’est beaucoup dire…, nuance Mouloud Mimoun. Les films algériens se situent depuis longtemps dans la chronique sociale, toujours aux prises avec la réalité. Même les comédies de Mahmoud Zemmouri naissent du terreau social… » Jacques Choukroun estime, quant à lui, que le phénomène est mal évalué. « De jeunes acteurs, comme Khaled Benaïssa (vu dans El Manara), tournent de plus en plus de films vidéo et ont d’ailleurs créé un festival, relève-t-il. Même s’ils ne travaillent pas encore sur de longs métrages, ils dessinent à mon avis une nouvelle génération de réalisateurs… » elwatan