plus de 5000 enfants naissent hors mariage tous les ans
Le drame des mères célibataires
L ’enquête sur les enfants abondonnés et les mères célibataires dans 14 wilayas, réalisée pour la première fois par le Centre national d’études et d’analyses pour la population et le développement (Ceneap) au profil de l’Unicef renseigne parfaitement sur ce drame social qui ne cesse de prendre de l’ampleur.
Le drame des mères célibataires
L ’enquête sur les enfants abondonnés et les mères célibataires dans 14 wilayas, réalisée pour la première fois par le Centre national d’études et d’analyses pour la population et le développement (Ceneap) au profil de l’Unicef renseigne parfaitement sur ce drame social qui ne cesse de prendre de l’ampleur.
L’enquête a porté sur 873 mères célibataires. « Il s’agit d’une large représentation eu égard au nombre limité des naissances hors mariages estimé à 5000 (rapport du Comité national de la population 2001). Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que les mentalités restent réfractaires à ce phénomène et qu’un bon nombre pourrait ne pas être identifié », notent les auteurs de cette étude en soulignant que la population des mères célibataires est difficile à cerner, car souvent préférant l’anonymat et refusant de se déclarer comme telle. Cependant, l’évolution de la société et la mobilisation du mouvement associatif autour de ce phénomène ont permis à beaucoup de ces mères de s’exprimer et de rechercher de l’aide auprès des associations et casser ainsi le tabou qui les entoure. Les objectifs de cette étude sont donc l’évaluation de l’importance du phénomène de l’enfance abandonnée et des mères célibataires, analyser les facteurs générateurs de ce phénomène, diagnostiquer les dispositifs juridiques et institutionnels existants pour la prise en charge de ce dysfonctionnement social et mesurer ainsi leur degré d’efficacité et enfin réfléchir sur les instruments à mettre en place pour prévenir les grossesses hors mariage, d’une part et venir en aide aux femmes qui n’ont pas pu les éviter, d’autre part. La perspective envisagée est de concevoir et de mettre en œuvre une meilleure prise en charge des mères célibataires et de leurs enfants dans le cadre d’actions de réinsertion sociale. Ainsi, 14 wilayas ont été retenues comme objets de l’enquête. Il s’agit d’Alger, de Blida, de Chlef, de Béjaïa, de Annaba, de Guelma, de Constantine, d’Oran, de Sidi Bel Abbés, de Saïda, de Sétif, de Ouargla, de Laghouatet de Béchar.
La vérité des chiffres
L’exploitation des données de cette enquête a permis, selon notre source, d’identifier les mères célibataires et de faire ressortir leurs caractéristiques socio-économiques et celles de leur familles d’origine, caractéristiques qui, soit, les exposent davantage à la précarité, soit au contraire apparaissent comme un atout pour leur réinsertion (niveau d’instruction, emploi etc ). En effet, les mères célibataires ont été identifiées soit selon la résidence habituelle (familiale), soit selon les centres d’accueil, soit selon la wilaya de leur travail. Les résultats de l’enquête ont révélé que les wilayas qui enregistrent les taux les plus élevés sont Sétif (13,5%,) Alger (11,9%), Saïda (9,85%), Béchar (9,04%), Constantine (8,13%), Chlef et Laghouat sont en 6e position avec 7,33% pour chaque wilaya. Il semble anormal qu’Oran, grand centre urbain, soit parmi les wilayas à taux faibles (4,35 %), un peu moins que Guelma (4,58%). Il ressort que les lieux de naissance de plus de 53% des mères célibataires sont concentrés dans 7 wilayas : Saïda (10,19 %), Sétif (9,51%), Chlef (7,67%), Oran (7,45%), Constantine (7,33%), Alger (5,7%), Laghouat (5,27%). Ces wilayas à part Chlef, Saïda et Oran sont en même temps des centres d’accueil pour des mères venant d’autres wilayas. Béchar et Saïda apparaissent comme des wilayas qui accueillent une importante proportion des mères célibataires. Le facteur âge est aussi important dans l’étude. Ces mères célibataires sont âgées entre 16 et 45 ans (96, 50% dont 12, 03% sont âgés plus de 16 ans à 20 ans et 8,8% entre 41 et 45 ans). Les tranches d’âges les plus importantes sont celles des 21-25 ans (23,6 %) et 26-30 ans (21,31 % ). Pour ce qui est de leur niveau d’instruction, le taux d’analphabétisme (18,55%) des mères célibataires est inférieur à la fois au taux moyen d’analphabétisme des femmes, (40% environ) et au taux moyen global (30%). Les niveaux primaire et moyen sont prédominants (30,8% et 29,1%). « En effet, la faiblesse du niveau d’instruction ne peut pas être le facteur explicatif dans la mesure où plus de 50% des mères célibataires ont un niveau d’instruction qui leur permet d’être informées ou de s’informer sur au moins un moyen de contraception (la pilule) », signale t-on. Concernant leur situation professionnelle, 68,5 % des mères célibataires enquêtées déclarent n’avoir jamais travaillé. Parmi elles, seules 4,24% sont à la recherche d’un premier emploi. Cela signifie que 64,3% sont au foyer et n’envisagent pas de travailler, 6,2% sont à la recherche d’un emploi. Parmi celles qui se sont déclarées sans emploi, 47,4% sont en réalité des travailleuses du sexe et disposent d’un revenu. Sur 25% qui ont un emploi, seulement 7,7% ont un emploi permanent. Cela est significatif de la précarité de leur situation professionnelle et donc de leur vulnérabilité. Cela pourrait également dire que contrairement aux idées reçues le travail féminin et partant le milieu professionnel ne peuvent pas être considérés comme facteurs favorables à une grossesse hors mariage, étant donné que la plupart des mères célibataires enquêtées n’ont jamais travaillé. La répartition des mères célibataires selon le type d’habitat fait ressortir que plus de 60% sont décemment logées au moment de la grossesse (30% habitent dans un immeuble ou une villa et 31% dans une maison traditionnelle de type urbain). 24%, dont 12% sans domicile fixe (SDF), sont en situation d’extrême précarité. « Cela signifie que la précarité de l’habitat touche des femmes déjà vulnérables parce que non instruites. Cependant, on constate que parmi les SDF, 6,7% ont le niveau supérieur et 11,5 % celui du secondaire, cela peut s’expliquer par le fait qu’elles aient été contraintes à quitter le domicile familial soit directement par leur famille soit par crainte du regard porté par la société », commentent les auteurs de l’étude. Il est à signaler que 119 mères célibataires, soit 13,6% sont nées d’une relation hors mariage et n’ont pas d’information sur leur père. L’examen des caractéristiques socio-économiques des mères célibataires et de leur origine familiale montre qu’il s’agit de femmes jeunes, qui souvent ne restent pas dans leur wilaya d’origine, mais se déplacent vers les grands centres urbains (exception faite pour Oran). « Leur situation économique est très précaire, car plus de 74% se déclarent sans travail (parmi elles, 47,4% sont en réalité des prostituées) », précise-t-on. A ces 74%, il faudrait ajouter 9,7% qui déclarent avoir un emploi précaire.
Le logement, l’éternel motif de l’abandon
Concernant leurs origines familiales, elles sont globalement issues de familles défavorisées (père et mère analphabètes ou du niveau primaire, père ouvrier, agriculteur, retraité et parfois indépendant, mère au foyer). A propos du père de l’enfant, il est utile de rappeler que globalement, il remplit toutes les conditions pour se marier nonobstant le logement, les raisons de l’abandon de la mère et de l’enfant pourraient être soit le logement, soit des raisons d’ordre socioculturel (liées à l’origine familial à l’emploi de la jeune fille, au choix familial, ou autres préjugés sociaux). Par ailleurs, d’autres facteurs de risque supplémentaires qui augmentent leur vulnérabilité telles les violences sexuelles, le harcèlement : le mariage par la fatiha et les relations incestueuses ont été analysés dans cette étude. Près de la moitié ont été victimes de violences physiques (366 : 42%), après l’âge de 14 ans. Plus d’un tiers de l’ensemble des mères célibataires enquêtées (315 : 36%) déclarent avoir été victimes de harcèlement sexuel. Elles sont 186 femmes, soit 21%, donc près d’un quart d’entre elles sont devenues mères célibataires, suite à un viol (176), 20% à un viol terroriste (10 ), soit 1%. Ont été victimes de relations incestueuses (10). Plus d’un quart des mères célibataires soit 240 (28%) ont été mariées par la fatiha. « 344 enfants ont été conçus dans le cadre de ce système marital qui demeure au regard de la législation en vigueur totalement illégal », note-t-on. Cette première lecture des données liées aux mères célibataires nous permet de constater qu’un nombre important d’entre elles a été victime de situations de grande violence. Par ailleurs, elles sont 321 (37%), donc plus d’un tiers à avoir conçu leur enfant suite à une décision personnelle et volontaire. Globalement, 85% (966 sur 1137) des enfants ont été conçus par des mères travailleuses du sexe ou mariées par la fatiha.
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