50% des mobiles vendus en Algérie proviennent du marché noir.
Ce week-end, les industriels de la téléphonie mobile vont célébrer le record historique du GSM. Selon la GSMA, il y a près de 1 000 personnes qui signent un abonnement GSM (2G et 3G) à la minute dans le monde. Rien que pour la téléphonie mobile de troisième génération, l’association dénombre près de 72 millions d’utilisateurs dans le monde. « Il s’agit là de la plus rapide progression d’une technologie jamais observée », indique Craig Ehrlich, président de la GSMA, sur son site Web. « Alors qu’il a fallu près de 12 ans à l’industrie pour atteindre le seuil du milliard de connectés, le second milliard a été plus rapide à atteindre, puisqu’en seulement deux ans, nous avons dépassé ce cap. Les statistiques ont été largement dynamisées par l’arrivée du mobile sur des marchés émergents comme la Chine, l’Inde, l’Afrique et l’Amérique du Sud qui représentent désormais 82% des nouveaux abonnés enregistrés depuis deux ans. »
« Nous sommes en guerre »
Mais alors, avec des chiffres faramineux, quelles retombées pour les entreprises algériennes ? « Nous sommes en guerre », nous avoue M. Ferhat Khadir, directeur général de KpointCom, l’un des leaders de la distribution en Algérie. Et d’ajouter : « Ce n’est pas à nous de faire le contrôle mais c’est aux pouvoirs publics de le faire. » A la question de savoir d’où proviennent ces terminaux, il répond sans fard : « Allez voir à l’aéroport et vous seriez édifié. » La contrebande, le « trabendo » ou ce que d’aucuns appellent injustement du « business », est un acte grave qui peut nuire totalement à un secteur, en l’occurrence les télécoms. La contrebande désigne le transport illégal de marchandises ou de personnes, en particulier au travers des frontières, ceci afin d’éviter de payer des taxes, ou de faire entrer des produits interdits dans un pays, sinon, inversement, d’en faire sortir des produits malgré l’interdit (on parle alors d’évasion). Par extension, et comme il s’agit des mêmes réseaux, la contrebande peut concerner des personnes, soit pour leur permettre d’entrer dans un pays qui leur est fermé, soit pour leur permettre de sortir d’un pays qui leur est interdit. Le plus souvent, les biens alimenteront un marché noir tandis que les individus seront contraints au travail clandestin. L’histoire de la contrebande est aussi longue que controversée. Elle est probablement apparue le jour même où la première taxe a été créée. Dans les régions frontalières ou sur les côtes, la contrebande est, à certaines périodes de l’histoire, un élément économiquement structurant et visant à mieux contrôler les flux de marchandises... et de taxes. Pour des raisons pratiques, la contrebande concerne généralement des produits de forte valeur par unité de volume (et de poids) : plus facile à dissimuler, nécessitant d’impliquer moins de personnes et rentabilisant mieux les frais de transport. Prenons par exemple les terminaux mobiles. D’aucuns diront que ce ne sont moins rien que des terminaux. Pour bien comprendre, il faut revenir en arrière. Les terminaux mobiles sont les outils qui permettent de communiquer à travers le réseau GSM. Il faut savoir que la miniaturisation a fait qu’aujourd’hui un cellulaire soit aussi fin qu’une lame de rasoir et aussi léger qu’une plume. Vendre des terminaux est plus qu’une opération commerciale - achat-vente - permettant « la création de beaucoup d’emplois », mais c’est tout d’abord « un métier » qui consiste à faire de la distribution et, donc, d’avoir des moyens financiers pour pouvoir importer de la marchandise et aussi pouvoir la stocker en toute sécurité car un carton de mobile qui peut peser 20 kg peut valoir plusieurs millions de dinars sans oublier la mise en place de service de maintenance et autres services après-vente. En fait, « la distribution consiste à mettre en place des brigades pour pouvoir sillonner toute l’Algérie, c’est-à-dire que cela nécessite des moyens de locomotion [camion, camionnette...] et donc une flotte de véhicules. De plus, elle contribue, par son apport, à la richesse du pays. Elle est économiquement structurante », nous affirme M. Khadir, en précisant que « tout cela pour dire qu’un grossiste distributeur dans le domaine des terminaux mobiles doit être extrêmement professionnel car comme dit précédemment, c’est un métier ».
Une menace pour l’économie et l’emploi nationaux.
Mais qu’est-ce que nous sommes en train de voir ? Tout simplement « la fin de la distribution organisée et, par là même, la fin d’une filière qui aurait pu donner pendant au moins une dizaine d’années du travail à plus de 20 à 30 000 personnes directement et à quelque 100 000 indirectement », souligne M. Khadir. Rien que pour comprendre, en France et d’après l’un des rapports de l’ARCEP (Autorité de régulation française), ce sont pas moins de 240 000 emplois qui sont concernés. Commençons par le commencement. C’est par camions qu’arrivent en Algérie des téléphones portables. On ne sait pas d’où mais on sait qu’ils sont là. Génération spontanée à l’image des tonnes et des tonnes de pétards que l’on retrouve à chaque fête du Mouloud. En débarquant en Algérie, ces terminaux mobiles ne sont pas nécessairement faits pour nos réseaux mobiles et donc il va falloir les passer au flashage, ce qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur le terminal en premier et sur nos réseaux mobiles. Mais passons ! A cette étape, la douane a perdu ses taxes et droits de douanes, les terminaux entrants ont été « taxés » mais de manière « invisible ». A dix dinars par appareil, nous dit-on, celui-ci passe allégrement la frontière et fonce vers le client final avec un passage obligatoire par le flashage. Chaque terminal qui arrive par cette voie est avant tout un terminal subventionné par un opérateur télécom, en général vendu sous forme de pack dans son pays d’origine. Aussi, il est « estampillé » par ce dernier, qui l’a mis sur le marché et c’est comme cela que l’on retrouve dans nos boutiques, que ce soit à Alger, Blida ou Ouargla et même chez certaines hautes personnalités, du Vodafone, du T-Mobile et autres Meditel. Au su et au vu de tout le monde. Ce qui signifie que si l’on a réellement envie d’arrêter cette hémorragie, il suffit de fermer les boutiques qui proposent des terminaux « estampillés » par des opérateurs étrangers en mettant en place des brigades composées de service du commerce, des finances et des services de sécurité. C’est très simpliste comme raisonnement mais cela peut donner quelque chose surtout si l’on y ajoute des amendes et quelques redressements fiscaux. C’est tout un pan de l’économie qui va disparaître, happé par des réseaux et qui ne profitera jamais au pays. Pas de maintenance, pas de service après-vente et surtout pas d’entrée sur le marché des grands équipementiers mondiaux car pour eux, et si cela continue, aucune commande ne viendra de notre pays. Et ce sont d’autres qui en profiteront : formation d’ingénieurs, de support et budget publicitaire et surtout d’être reconnu comme un marché structuré par les équipementiers mondiaux.
Des statistiques erronées ?
D’une part, si l’on s’en tient à ses chiffres, l’ARPT constate dans son dernier rapport que le nombre d’abonnés en Algérie représente quelque 16 millions de personnes. On sait qu’un abonné, c’est une « puce » et un téléphone portable. D’autre part, si l’on se réfère aux données de la douane, l’Algérie a importé quelque 4,5 millions de terminaux depuis l’ouverture du marché, en 2002. Si l’on considère que le marché ne possède pas de renouvellement, alors il y a plus de 10 millions de terminaux qui manquent à l’appel, soit quasiment trois fois plus que ce qui a été importé officiellement. En réalité, il y a moins d’abonnés que ceux déclarés par l’ARPT. En effet, que ce soit ceux qui « travaillent » sur ce marché ou bien les experts nationaux et internationaux, tous parlent d’au maximum 6 millions d’utilisateurs de téléphones mobiles en Algérie. Si l’on ajoute le changement de terminaux, la casse, on aboutit à un chiffre, plus réel, de 2 millions de terminaux qui rentrent par des voies non officielles. Or, ce chiffre représente, aujourd’hui, en fin de compte, 50% du marché total des terminaux. Il s’agit d’un estimatif mais qui se rapproche de la réalité. L’économie informelle est en train de prendre en charge la vente des terminaux mobiles et si les pouvoirs publics ne font rien, ce secteur entier de l’économie risque de disparaître à jamais.
Le marché informel représente plus de 50% des ventes de terminaux mobiles en Algérie au vu des chiffres publiés par l’ARPT et d’après une étude de la GSM Association (GSMA). La technologie GSM a gagné 1 milliard d’utilisateurs de plus en seulement 30 mois.
Ce week-end, les industriels de la téléphonie mobile vont célébrer le record historique du GSM. Selon la GSMA, il y a près de 1 000 personnes qui signent un abonnement GSM (2G et 3G) à la minute dans le monde. Rien que pour la téléphonie mobile de troisième génération, l’association dénombre près de 72 millions d’utilisateurs dans le monde. « Il s’agit là de la plus rapide progression d’une technologie jamais observée », indique Craig Ehrlich, président de la GSMA, sur son site Web. « Alors qu’il a fallu près de 12 ans à l’industrie pour atteindre le seuil du milliard de connectés, le second milliard a été plus rapide à atteindre, puisqu’en seulement deux ans, nous avons dépassé ce cap. Les statistiques ont été largement dynamisées par l’arrivée du mobile sur des marchés émergents comme la Chine, l’Inde, l’Afrique et l’Amérique du Sud qui représentent désormais 82% des nouveaux abonnés enregistrés depuis deux ans. »
« Nous sommes en guerre »
Mais alors, avec des chiffres faramineux, quelles retombées pour les entreprises algériennes ? « Nous sommes en guerre », nous avoue M. Ferhat Khadir, directeur général de KpointCom, l’un des leaders de la distribution en Algérie. Et d’ajouter : « Ce n’est pas à nous de faire le contrôle mais c’est aux pouvoirs publics de le faire. » A la question de savoir d’où proviennent ces terminaux, il répond sans fard : « Allez voir à l’aéroport et vous seriez édifié. » La contrebande, le « trabendo » ou ce que d’aucuns appellent injustement du « business », est un acte grave qui peut nuire totalement à un secteur, en l’occurrence les télécoms. La contrebande désigne le transport illégal de marchandises ou de personnes, en particulier au travers des frontières, ceci afin d’éviter de payer des taxes, ou de faire entrer des produits interdits dans un pays, sinon, inversement, d’en faire sortir des produits malgré l’interdit (on parle alors d’évasion). Par extension, et comme il s’agit des mêmes réseaux, la contrebande peut concerner des personnes, soit pour leur permettre d’entrer dans un pays qui leur est fermé, soit pour leur permettre de sortir d’un pays qui leur est interdit. Le plus souvent, les biens alimenteront un marché noir tandis que les individus seront contraints au travail clandestin. L’histoire de la contrebande est aussi longue que controversée. Elle est probablement apparue le jour même où la première taxe a été créée. Dans les régions frontalières ou sur les côtes, la contrebande est, à certaines périodes de l’histoire, un élément économiquement structurant et visant à mieux contrôler les flux de marchandises... et de taxes. Pour des raisons pratiques, la contrebande concerne généralement des produits de forte valeur par unité de volume (et de poids) : plus facile à dissimuler, nécessitant d’impliquer moins de personnes et rentabilisant mieux les frais de transport. Prenons par exemple les terminaux mobiles. D’aucuns diront que ce ne sont moins rien que des terminaux. Pour bien comprendre, il faut revenir en arrière. Les terminaux mobiles sont les outils qui permettent de communiquer à travers le réseau GSM. Il faut savoir que la miniaturisation a fait qu’aujourd’hui un cellulaire soit aussi fin qu’une lame de rasoir et aussi léger qu’une plume. Vendre des terminaux est plus qu’une opération commerciale - achat-vente - permettant « la création de beaucoup d’emplois », mais c’est tout d’abord « un métier » qui consiste à faire de la distribution et, donc, d’avoir des moyens financiers pour pouvoir importer de la marchandise et aussi pouvoir la stocker en toute sécurité car un carton de mobile qui peut peser 20 kg peut valoir plusieurs millions de dinars sans oublier la mise en place de service de maintenance et autres services après-vente. En fait, « la distribution consiste à mettre en place des brigades pour pouvoir sillonner toute l’Algérie, c’est-à-dire que cela nécessite des moyens de locomotion [camion, camionnette...] et donc une flotte de véhicules. De plus, elle contribue, par son apport, à la richesse du pays. Elle est économiquement structurante », nous affirme M. Khadir, en précisant que « tout cela pour dire qu’un grossiste distributeur dans le domaine des terminaux mobiles doit être extrêmement professionnel car comme dit précédemment, c’est un métier ».
Une menace pour l’économie et l’emploi nationaux.
Mais qu’est-ce que nous sommes en train de voir ? Tout simplement « la fin de la distribution organisée et, par là même, la fin d’une filière qui aurait pu donner pendant au moins une dizaine d’années du travail à plus de 20 à 30 000 personnes directement et à quelque 100 000 indirectement », souligne M. Khadir. Rien que pour comprendre, en France et d’après l’un des rapports de l’ARCEP (Autorité de régulation française), ce sont pas moins de 240 000 emplois qui sont concernés. Commençons par le commencement. C’est par camions qu’arrivent en Algérie des téléphones portables. On ne sait pas d’où mais on sait qu’ils sont là. Génération spontanée à l’image des tonnes et des tonnes de pétards que l’on retrouve à chaque fête du Mouloud. En débarquant en Algérie, ces terminaux mobiles ne sont pas nécessairement faits pour nos réseaux mobiles et donc il va falloir les passer au flashage, ce qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur le terminal en premier et sur nos réseaux mobiles. Mais passons ! A cette étape, la douane a perdu ses taxes et droits de douanes, les terminaux entrants ont été « taxés » mais de manière « invisible ». A dix dinars par appareil, nous dit-on, celui-ci passe allégrement la frontière et fonce vers le client final avec un passage obligatoire par le flashage. Chaque terminal qui arrive par cette voie est avant tout un terminal subventionné par un opérateur télécom, en général vendu sous forme de pack dans son pays d’origine. Aussi, il est « estampillé » par ce dernier, qui l’a mis sur le marché et c’est comme cela que l’on retrouve dans nos boutiques, que ce soit à Alger, Blida ou Ouargla et même chez certaines hautes personnalités, du Vodafone, du T-Mobile et autres Meditel. Au su et au vu de tout le monde. Ce qui signifie que si l’on a réellement envie d’arrêter cette hémorragie, il suffit de fermer les boutiques qui proposent des terminaux « estampillés » par des opérateurs étrangers en mettant en place des brigades composées de service du commerce, des finances et des services de sécurité. C’est très simpliste comme raisonnement mais cela peut donner quelque chose surtout si l’on y ajoute des amendes et quelques redressements fiscaux. C’est tout un pan de l’économie qui va disparaître, happé par des réseaux et qui ne profitera jamais au pays. Pas de maintenance, pas de service après-vente et surtout pas d’entrée sur le marché des grands équipementiers mondiaux car pour eux, et si cela continue, aucune commande ne viendra de notre pays. Et ce sont d’autres qui en profiteront : formation d’ingénieurs, de support et budget publicitaire et surtout d’être reconnu comme un marché structuré par les équipementiers mondiaux.
Des statistiques erronées ?
D’une part, si l’on s’en tient à ses chiffres, l’ARPT constate dans son dernier rapport que le nombre d’abonnés en Algérie représente quelque 16 millions de personnes. On sait qu’un abonné, c’est une « puce » et un téléphone portable. D’autre part, si l’on se réfère aux données de la douane, l’Algérie a importé quelque 4,5 millions de terminaux depuis l’ouverture du marché, en 2002. Si l’on considère que le marché ne possède pas de renouvellement, alors il y a plus de 10 millions de terminaux qui manquent à l’appel, soit quasiment trois fois plus que ce qui a été importé officiellement. En réalité, il y a moins d’abonnés que ceux déclarés par l’ARPT. En effet, que ce soit ceux qui « travaillent » sur ce marché ou bien les experts nationaux et internationaux, tous parlent d’au maximum 6 millions d’utilisateurs de téléphones mobiles en Algérie. Si l’on ajoute le changement de terminaux, la casse, on aboutit à un chiffre, plus réel, de 2 millions de terminaux qui rentrent par des voies non officielles. Or, ce chiffre représente, aujourd’hui, en fin de compte, 50% du marché total des terminaux. Il s’agit d’un estimatif mais qui se rapproche de la réalité. L’économie informelle est en train de prendre en charge la vente des terminaux mobiles et si les pouvoirs publics ne font rien, ce secteur entier de l’économie risque de disparaître à jamais.
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